Attentat terroriste à Bamako : Les Occidentaux étaient la cible

A dix heures ce matin, l’attentat n’était pas encore revendiqué. Mais « pas besoin d’être Enstein pour remonter aux auteurs », assure en « off » ce policier qui a fait partie de l’équipe de relève déployée vers 6h sur les lieux. « Ce ne peut être que les jihadistes », conclue t-il. Lesquels justement ? Serval et Barkhane les ont terriblement affaiblis au Nord. Mais Aqmi n’a pas disparu et un de ses affiliés, Iyad Ag Ali, déclarait encore la guerre totale à ces « ennemis de l’Islam » cet été. A la suite de l’introuvable Belmoktar.

Qui a frappé Bamako au cœur ?

Il y a le Mujao qui reprend du poil de la bête entre Ansongo et Menaka. Et plus récemment, le dernier né des forces jihadistes a eu son baptême du feu dans le centre du pays. Il s’agit du Mouvement pour la renaissance du Macina dirigé par Hamadoun Kouffa, le tombeur de Konna. Tous ces mouvements ont des raisons de viser les Occidentaux. Et c’est bien les Occidentaux qui étaient visés hier, selon toute vraisemblance et pour bien des sources. L’endroit attaqué, la « Terrasse » est au cœur de la Rue princesse, rivale bamakoise, de l’ancienne Mecque de l’ambiance abidjanaise à Yopougon. Les « expats » constituent l’essentiel de sa clientèle, avec les jeunes branchés de la jetset locale. A l’est de la capitale, cette rue et celle adjacente, concentre sur quelques centaines de mètres le « must » de Bamako by night. Sa fréquentation – diplomates, fonctionnaires de l’Onu, classes moyennes maliennes – fait de cette zone une cible dans un pays en guerre contre le terrorisme, ont toujours pensé des sécuritaires en poste dans la capitale.

Gueule de bois et silences radios

Or « les dispositions sécuritaires non seulement n’étaient plus renforcées depuis un moment mais elles ont même été relâchées depuis un an » dénonce un « hibou » c’est-à-dire un client de Bamako by Night qui deux fois par semaine rentre chez lui à l’aube. « Il est irresponsable de penser que Bamako allait échapper aux actions terroristes ». Cette rengaine d’un ex-agent des services de renseignements est hélas devenue une triste réalité dans la nuit du 6 au 7 mars. Faute de réponses appropriées ? Affirmatif répondent les réseaux sociaux qui ont suppléé aux silences radios – au propre et au figuré, car seuls les médias internationaux avaient relayé l’événement la nuit et le matin. Ils sont nombreux à dénoncer les failles et la faillite de la sécurité dans la capitale. Un internaute va jusqu’ à dire que c’est la première fois que le Mali connaît une attaque terroriste. Les populations du Nord ne vont pas apprécier. Pas plus que les citoyens n’apprécieront le fait qu’en mi-matinée, aucune réaction officielle du gouvernement et de la présidence du Mali n’était relayée par les médias. Surtout qu’ils ont entendu les réactions de la France et de son président ainsi que celles de la Belgique dont des ressortissants ont été tués dans l’assaut. Comme deux Maliens : un policier et un vigile.

Adam Thiam

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