Mercredi, John McCain, en annonçant la suspension de sa campagne, a été clair : si aucun accord bipartisan démocrate-républicain n'est trouvé avant vendredi soir au Congrès sur le plan de sauvetage des marchés financiers proposé par l'administration Bush, il n'ira pas à Oxford, dans le Mississippi, où doit se dérouler à 20h, heure locale (21h, heure de Washington, 3h, samedi, heure française), le premier débat télévisé de la campagne. Pas question pour lui de débattre, il préfère rester dans la capitale pour obtenir une solution à la crise économique.
 
Deux jours après, au matin de ce jour décisif de son duel avec Barack Obama la situation n'a pas changé. Jeudi, le Congrès n'a en effet pas réussi à se mettre d'accord. Et la réunion au sommet organisée par George W. Bush à la Maison-Blanche avec les deux candidats et les principaux leaders des deux partis, s'est soldée par un échec. Les démocrates accusent notamment John Mc Cain de bloquer une solution en proposant un plan alternatif imaginé par les républicains les plus réticents à voir l'Etat intervenir dans l'économie .

"Arrangement avec McCain"
 
"Des républicains de la Chambre, dans le cadre d'une espèce d'arrangement avec McCain, ont brouillé les pistes. J'ignore s'ils sont prêts à négocier. Leur projet est un plan de garantie des crédits totalement différent (...) qui pourrait clairement entraîner un report d'une semaine ou plus", affirme Barney Frank, le président démocrate de la commission des services financiers de la Chambre des représentants .

L'état-major du candidat républicain a, sans surprise, démenti. "John McCain n'a attaqué aucune proposition et n'a approuvé aucun plan", indique un communiqué. De son côté, Barack Obama se veut optimiste. "Je pense que nous finirons par avoir un accord.  Mais il reste du travail", a-t-il expliqué à l'issue de la réunion, sans pointer du doigt son rival.

McCain "espère" venir
 
Bref, s'il reste sur sa ligne de conduite, John McCain restera à Washington vendredi, voire tout le wee-end, pour participer aux négociations entre les parlementaires démocrates et républicains sur le plan Paulson. Interrogé sur la chaîne de télévision ABC, il a simplement dit "espérer" participer au débat. Sous-entendu : sans accord, pas de débat. A l'opposé, Barack Obama reste sur sa position : il sera sur le plateau du débat, même si son rival n'y est pas. "J'espère qu'il viendra", a-t-il simplement  déclaré. Avant de lancer une nouvelle pique : "J'ai pu parfaitement participer aux négociations financières par téléphone. Je pense qu'il est parfaitement possible de faire plus d'une chose à la fois, cela fait partie des conditions requises pour qui souhaite devenir président des Etats-Unis".
 
John Mc Cain peut-il se permettre de laisser seul son adversaire face aux caméras de télévision, devant au moins 50 millions de téléspectateurs ? Là est toute la question. Le camp démocrate pourrait notamment argumenter que la crise financière est une excuse pour masquer sa faiblesse et sa  peur d'affronter Barack Obama sans filet. Pourtant, c'est a priori loin d'être le cas. Tout d'abord, même si ce premier face-à-face est annulé, deux autres sont prévus en octobre. John McCain  ne pourra donc pas y échapper. Ensuite, vieux routard de la politique, c'est un habitué de ces joutes verbales. Enfin, le thème de ce premier duel -la politique étrangère et la sécurité nationale- lui est favorable. D'ailleurs, s'il a lieu, le débat pourrait laisser sur leur faim les Américains puisque les projets économiques des deux prétendants ne sont pas à l'ordre du jour.

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