NIAMEY (Reuters) - Des tirs à la mitrailleuse et à l'arme lourde ont éclaté jeudi à Niamey, capitale du Niger, où, selon un membre des services de renseignement, une tentative de coup d'Etat est en cours.

Les premiers tirs ont retenti vers 12h00 GMT. De la fumée s'est élevée du palais présidentiel, rapportent des témoins, qui disent ignorer qui est impliqué dans cette fusillade.

L'officier des services de renseignement, qui a souhaité conserver l'anonymat, a déclaré que la garde présidentielle s'efforçait de repousser la tentative de putsch.Un journaliste de Reuters a vu cinq soldats blessés dans un hôpital de Niamey.

De sources policières, on se dit convaincu que les assaillants sont venus de l'extérieur de la capitale à bord de véhicules blindés.

"Pour le moment, tout va bien", a toutefois assuré un membre de l'entourage du président Mamadou Tandja.

A 13h30 GMT, les tirs se poursuivaient mais de manière moins intense, a déclaré le correspondant de Reuters.

De source diplomatique française, on rapporte que le président Tandja "aurait" été exfiltré du palais présidentiel, mais sans en avoir la certitude.

Les combats ont semble-t-il cessé, ajoute-t-on. Un diplomate a traversé la ville sans voir de déploiement militaire important, précise-t-on de même source.

GISEMENT D'URANIUM

Le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 1999, a dissous le Parlement et fait adopter en août par référendum une réforme constitutionnelle qui lui a permis de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son deuxième mandat de cinq ans, qui a expiré en décembre.

Le référendum constitutionnel, condamné par l'opposition nigérienne et la communauté internationale, a éliminé une bonne partie des freins à l'autorité de Mamadou Tandja en supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels et en lui accordant trois ans de pouvoir supplémentaires sans avoir à se présenter à nouveau devant les électeurs.

La Cour constitutionnelle a déclaré ce vote illégal. Mamadou Tandja a répliqué en remplaçant tous les membres de l'instance judiciaire par des membres nommés par ses soins.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu le Niger en octobre dernier et les Etats-Unis ont supprimé en décembre les avantages commerciaux qu'ils accordaient au pays.

En dépit de la crise politique et de soulèvements touaregs occasionnels, de grands groupes tels que le français Areva ou le canadien Cameco ont investi des milliards de dollars au Niger, qui recèle d'importants gisements d'uranium.

Areva s'est engagé à investir 1,2 milliard d'euros pour exploiter le plus grand gisement d'uranium d'Afrique à Imouraren, dans le nord du pays.

Le groupe chinois China National Petroleum Co. a, lui, signé en juin dernier un contrat d'exploitation pétrolière de cinq milliards de dollars (3,7 milliards d'euros).

Avec le bureau de Dakar, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesse

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