Ibrahim Sy Savané, Président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle était en visite de travail à Paris, du 18 au 22 Juillet 2011. Cet homme réservé et d’une grande discrétion, a utilement meublé sa visite de travail en terre française pour réchauffer les relations entre la Côte d’Ivoire et la France, en matière de communication.

Ibrahim Sy Savané était sur les bords de la Seine pour illustrer la reprise de la coopération entre la Côte d’Ivoire et la France. Il a axé cette coopération sur deux niveaux essentiels, à savoir, la grande sphère politique et la coopération sectorielle. 

«Pour ce qui concerne la HACA, nous n’avions pas tellement de rapports avec l’extérieur et nos collègues à l’étranger. Il a fallu venir, nous reconnecter avec l’extérieur et prendre contact avec nos différents partenaires », a-t-il assuré. Au regard de l’accueil chaleureux et enthousiaste qui lui a été réservé, le président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle a noté que cette coopération était très attendue en France et que la partie française était en attente de cette relance-là. Il a eu des échanges fructueux avec son homologue français du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, CSA, M. Michel BOYON, qui y préside, depuis Janvier 2007. Le CSA garantit l’exercice de la Liberté de Communication Audiovisuelle dans les conditions définies par la Loi. Le CSA participe activement à l’enrichissement des contenus des cahiers de charges précis dans l’espace audiovisuel français. En Côte d`Ivoire, M Sy Savané a placé sa mission sous trois défis majeurs à relever : Libéralisation de l’audiovisuel, la question des radios de proximité et le défi général de la Régulation des médias.

Sur ces sujets, l`on peut noter sa ferme résolution de réussir le basculement vers le numérique en Côte d’Ivoire, à l’horizon de 2015-2017. « Nous devons regarder les chemins critiques qui y mènent et il n’est pas mauvais de s’inspirer de certaines expériences réussies. Bien qu’en Côte d’Ivoire, un comité interministériel soit mis en place, et qu’au sein même de la Haute Autorité, il existe un groupe de travail, il était bon de rencontrer des gens qui ont réussi ce basculement numérique», a-t-il déclaré. 

Le président de la HACA a aussi rencontré les hauts responsables de France Télévision Numérique, qui est l’entité, chargée de mener à bien, le basculement vers le numérique en France, aussi bien des télés privées que publiques.

En ce qui concerne les radios de proximité, Monsieur Sy Savané, après des séances de travail avec les dirigeants de CFI et de France 24, précise : « Nous raisonnons en termes de formation. Canal France International (CFI) et France 24 sont dans la formation, et ont mis en place une académie tournée vers la formation».

Quant au défi plus général de la régulation des médias: «Ce n’est pas seulement une question de volonté, ni une question de politique, c’est une question de technique et de savoir-faire. Il faut s’inspirer des autres qui ont réalisé et réussi. De même que tous ceux qui s’occupent de l’audiovisuel extérieur de la France, aussi bien au niveau du ministère des Affaires Etrangères qui a une grande direction, qu’au niveau des responsables et même des holdings qui travaillent dans ce domaine-là».

La visite de l’OIF, Organisation Internationale de la Francophonie, qui appuie le développement des médias et œuvre dans le domaine de la régulation, était au programme du président de la HACA à Paris qui a profité pour saluer les actions du REFRAM (Réseau Francophone des Régulateurs des Médias), créé à Ouagadougou, le 1er Juillet 2007, et visant à l’établissement et au renforcement de la solidarité et des échanges entre ses membres. Le REFRAM constitue un espace de débats et d’échanges d’informations sur les questions d’intérêts de régulation des médias et contribue aux efforts de formation et de coopération.

Pour réussir tous ces défis majeurs, une stratégie de mobilisation s’impose et il est heureux de constater que la stratégie de mobilisation des moyens n’est pas basée que sur des moyens extérieurs ou de coopération, mais aussi, sur la mobilisation interne des ressources, parce que l’Etat ivoirien a la volonté de mobiliser des ressources propres. La Côte d’Ivoire est donc sollicitée et le président de la HACA, de justifier sa visite de travail en France en ces termes : «Compte tenu de toutes les urgences qui se bousculent dans notre pays, ces ressources ne seront jamais suffisantes, mais notre présence en France, c’est la recherche d’expertises, de conseils et d’expériences. Toute occasion qui permet de montrer que la Côte d’Ivoire sort véritablement de la crise est vraiment la bienvenue. Le pays a soif aujourd’hui, de bonne visibilité internationale et ses partenaires ont besoin d’être rassurés et ce sont des actions en direction des médias et des contacts substantiels, qui peuvent permettre de montrer cette réémergence de la Côte d’Ivoire dans le concert des nations ».

Revenant sur la question relative aux Radios de Proximité, il faut rappeler, qu’il en existe plus d’une centaine en Côte d’Ivoire. «Des radios nées spontanément et notre raisonnement est la suivante : ces radios-là, ayant une audience, il ne s’agit pas de les supprimer. Il s’agit de les réhabiliter au plan administratif, il faut convaincre ceux qui ont vécu dans un cadre de spontanéité pour les remettre sur le droit chemin, car, il y a une grande attente des autorités. Une mission d’évaluation de leur fonctionnement est envisagée pour voir ce qu’il y a à changer. Production de contenu, mais aussi, management qui sont utiles aux populations de la part de ces radios elles-mêmes : être reconnues par les autorités et les mettre aux normes édictées par l’Etat ivoirien, en même temps qu’un accompagnement est nécessaire, en terme de formation. Il ne s’agit pas, d’être dans une sorte de virtualité pour se trouver dans ses vieilles habitudes et pesanteurs. Ces formations auront lieu en Côte d’Ivoire, c’est économiquement plus raisonnable. Il faudra encourager les voyages d’études, et la coopération française nous soutient dans ce sens afin que les Ivoiriens viennent se frotter à d’autres réalités», a expliqué le ministre.

Une préoccupation cependant subsiste, depuis de longues années au sujet de la couverture totale du territoire ivoirien par la Radio et la Télévision. Monsieur Sy Savané explique : « Le gouvernement a un plan de couverture totale du territoire. Le ministre de la Communication l’a rappelé récemment.

C’est un travail de longue haleine qui coûte cher et représente une grande ambition prise en charge par le ministre de la Communication lui-même, pour un accès équitable de tous les citoyens aux médias publics ou privés, qui ont aussi une mission de service public, car la régulation ne consiste pas seulement, à traquer les contenus qui ne sont pas conformes à la déontologie, mais, c’est le droit à l’information des citoyens qui suppose une couverture la plus large possible. Il existe très peu de pays qui aient une couverture totale. En France, il y a des zones non encore couvertes à l’heure du basculement au numérique.» Face aux difficultés que certaines Radios et Télévisions étrangères ont connu pendant la crise, et qui ont motivé la rupture ou la suspension des émissions à destination de la Côte d’Ivoire, le président de la HACA est formel : «Notre principe en la matière est très simple ; les radios internationales et les télévisions internationales sont libres. Elles ont le droit d’émettre, de produire leurs contenus, de faire les critiques qu’elles veulent et de l’autre côté aussi, lorsque nous avons le sentiment qu’elles foulent aux pied certains principes éthiques, déontologiques, nous avons le droit de réagir. Aucune télévision ne doit être suspendue en Côte d’Ivoire. Notre souhait est que tous les problèmes éventuels qui pourraient survenir entre une chaîne nationale ou internationale et la Côte d’Ivoire, soit soluble dans la discussion entre professionnels : on peut discuter pour éviter cette étape ultime, d’où l’instauration d’un dialogue permanent et d’échanges. Que les chaînes fassent leur travail et que la Haute Autorité leur facilite la tâche, parce qu’elles concourent à l’information. Notre ambition : parvenir à un équilibre qui rende impossibles les coupures d’antenne».
Attendu sur la question de la libéralisation, Sy Savané explique :

« Nous avons dans notre loi certains éléments qui permettent d’enclencher cette libéralisation. Cela passe par la mise en place d’une commission chargée d’examiner et de sélectionner ces offres-là. En 2008, une étude de sensibilité et de problématique de la libéralisation qui est l’axe majeur du processus sous l’égide du ministre de la Communication a été menée. On travaille en silence pour le moment. Dans le Starting Block, cela va très vite. Pour une libéralisation effective, transparente et équitable».

Une interrogation sur l’Avenir de TCI qui émet en lieu et place de la RTI demeure. Sur la question, Monsieur Sy Savané rassure : « Les responsables de la RTI ont annoncé le retour de la RTI pour le 06 Août 2011 .La RTI va retrouver sa place. TCI est une initiative privée dans des circonstances particulières, qui ont rendu possible l’avènement de cette chaîne. La RTI dispose d’une expertise de plusieurs décennies. Il est vrai que beaucoup de choses étaient critiquables et ont été critiquées, mais il y a un patrimoine qui continue d’exister. Il y a une ressource humaine de qualité. Il y a des émetteurs et la concession de l’Etat, parce que, c’est à la RTI que l’Etat ivoirien a accordé une concession. C’est tout à fait logique que les nouveaux responsables reviennent à ce que l’on peut considérer comme la normale, c`est-à-dire, le redémarrage de la RTI dans des conditions que nous souhaitons équitables et profitables aux téléspectateurs ivoiriens et au monde entier».

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