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Elle est décidée. La Gambienne Fatou Bensouda, future Procureur générale de la Cour pénale internationale, entend mener avec la plus grande délicatesse, mais non sans détermination, le procès des personnes impliquées dans la crise post-électorale qui a fait 3000 morts. Après le transfert de Gbagbo à la CPI le mardi 6 décembre dernier, elle annonce, pour les jours qui suivent, de grosses têtes qui rejoindront l’ancien président déchu dans sa cellule VIP de la prison tout aussi VIP de La Haye. Selon des sources proches de l ‘institution, cinq personnalités sont attendues à la Haye. Il s’agira selon les informations en notre possession, de militaires parmi lesquels l’on retrouvera bien entendu quelques civiles au plus haut niveau. Pour garder le secret de l’instruction, celle qui sera le successeur du très médiatique Luis Moreno Ocampo, n’a pas livré l’identité des personnes concernées par le futur ‘’voyage’’ sans retour de la Haye. Mais on peut aisément avancer qu’il pourrait s’agir, pour ce qui concerne les militaires, du général Dogbo Blé Bruno, du capitaine Séka Yapo Anselme plus connu sous le nom de Séka Séka, ancien aide de camp de Simone Gbagbo, ainsi que d’autres gradés ou militaires du rang qui se sont illustrés dans les tueries et autres violations flagrantes des droits de l‘homme. Comme le massacre des sept femmes d’Abobo en mars. Sans oublier ceux qui ont lancé des obus dans le marché de la même commune, faisant une trentaine de morts. En ce qui concerne les personnalités civiles, il ne faut pas chercher loin. Les noms de Blé Goudé et de Simone Gbagbo seraient en pole position. Tous deux ayant donné des instructions fermes pour de sales besognes qui ont conduit à des exécutions extra judicaires et des assassinats politiques. On se rappelle de ce fameux ‘’article 125’’ qui consiste à brùler vif des militants de l‘opposition en se basant sur leurs patronymes. C’est ainsi que dans les communes comme Yopougon et Plateau, des miliciens et jeunes patriotes à la solde de Blé Goudé et Simone Gbagbo, ont commis des actes ignobles et inimaginables sur des Ivoiriens. Tous ces actes ne sauraient restés impunis. C’est la conviction de Fatou Bensouda qui est en charge du dossier ivoirien. Un dossier qu’elle connait bien et qu’elle maitrise. Arrivé le lundi 25 juin dernier à Abidjan, pour enquêter sur les crimes commis lors de la crise post-électorale, elle avait déjà annoncé les couleurs: « (…) Il faut en finir avec le cercle vicieux de la violence (…) J’avais été indignée de voir des femmes tuées en mars dernier. J’avais averti que le bureau du procureur était prêt à agir, nous allons agir. (…) En attendant la décision du juge, je suis venue en Côte d’Ivoire pour évaluer la situation sur le terrain et préparer les activités futures (…) Il n’y a pas de réconciliation sans justice, mais pour réconcilier, la justice doit être indépendante et impartiale,» avait-elle averti lors de la conférence de presse animée avant son départ. Fatou Bensouda s’était aussi prononcé sur les 3000 morts de la crise post-électorale tuées selon elle «le plus souvent en raison de leur ethnicité ou de leur appartenance politique sur ordre des personnes qui se croient au dessus des lois (…) Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, la parole est aux victimes.» La comparution future des personnalités en question sonne donc la fin de l’impunité.
Yves-M. ABIET

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