Après avoir rencontré le ministre de l`Intérieur hier, Kouadio Konan Bertin dit Kkb, président national de la jeunesse du Pdci Rda, par ailleurs vice-président du directoire du Rjdp, chargé de la mobilisation et de l`organisation, a annoncé le maintien de la marche du Rjdp pour le 15 mai prochain. En outre, il a dénoncé avec vigueur, le mépris avec lequel, ses camarades et lui ont été traités au ministère de l`Intérieur et l`attitude peu responsable de Tagro. Appelant à la mobilisation totale de la jeunesse du Rhdp, il confirme la participation des quatre leaders de l`opposition que sont les présidents Bédié, Ouattara, Mabri et Anaky.

Monsieur le président de la Jpdci, hier matin, vos collègues du Rjdp et vous avez été convoqués par le ministre de l`intérieur désiré Tagro. De quoi avez-vous parlé ?
Merci. Pour être franc avec vous, j`ai été heureux d`avoir participé à ma première réunion à proprement parler avec un des responsables de haut niveau du Fpi et de l`Etat de Côte d`Ivoire, par ailleurs ministre de l`Intérieur. Je suis sorti de là conforté que la Côte d`Ivoire est aux mains de bricoleurs amateurs. Je l`ai souvent répété à mes meetings, mais je ne croyais pas si bien dire ! Je viens ainsi d`avoir la preuve de la manifestation de ce que Tagro a tout sauf le discours d`un ministre. En lieu et place du ministre de l`Intérieur, nous avons rencontré un homme qui fait du zèle, je ne sais plus quel autre qualificatif donner. Le ministre de l`Intérieur nous a convoqués pour 11 heures. Arrivés, on nous a installés dans une salle, et jusqu`à 11heures et demie, personne ne s`adressait à nous, jusqu`à ce que nous manifestions le désir de rentrer chez nous. On vient nous apprendre par la suite que Tagro est en séance de travail avec les gens. Si tant est que Tagro avait besoin de nous à 11 heures, pourquoi on nous fait asseoir jusqu`à 11h30mn ? En personnes bien éduquées, nous avons accepté. C`est seulement quatre d`entre nous qui devaient accéder à son bureau. En présence de M. Abou Moussa de l`Onuci, de M. Badini et des officiers de la police de l`Onuci. Tagro nous a donc signifiés clairement, mais non sans afficher une arrogance, une suffisance et violence verbale, que nous sommes des fuyards ! De son avis, nous sommes des fuyards, nous avons abandonné nos familles, donc nous n`avons pas droit à la parole dans cette cité. Hier, Tagro nous a dit qu`à partir du 15 mai, les délégations de la Banque africaine de développement vont arriver. C`est pour cela, il nous a demandé de surseoir à notre marche afin que son assemblée générale puisse se tenir dans un climat de sérénité. Nous avons répondu que notre priorité en Côte d`Ivoire n`est pas que la Bad s`installe pour une semaine, ou un mois, le temps de s`illusionner que la paix est revenue. Nous voulons que la Bad revienne en Côte d`Ivoire mais définitivement. Mais pour qu`il en soit ainsi, il faut que la paix soit définitive et cela par des élections. Pour nous, la priorité n`est pas la semaine de travail de la Bad ! Pour nous, la priorité, c`est la paix ! La paix par les élections. Or, ni lui, ni Abou Moussa qui étaient assis là, n`ont rien fait pour donner à chaque Ivoirien une carte d`identité, des cartes d`électeurs et nous dire quand on va aux élections. Nous marchons le 15 pour exiger au président de la Cei, une date des élections. Pour finir, nous avons maintenu notre marche pour se tenir concomitamment avec les assises de la Bad, étant donné que nous sommes habitués à marcher dans ce pays sans casser. Notre marche est maintenue pour le 15 mai, rien ne nous freinera, rien ne nous arrêtera, même pas les menaces ! Que Tagro le sache, le samedi 15 mai, nous sommes dans la rue.

Monsieur le président, avez-vous répondu à la convocation de Tagro, ou vous vous y êtes rendus sur votre propre initiative ?
C`est Tagro qui nous a convoqués. C`est moi qui ai eu l`information ! Sa secrétaire m`a téléphoné pour me dire que Tagro voulait nous rencontrer aujourd`hui (ndlr hier) ! Nous n`avons pas adressé de demande. Il nous a dit, c`est vrai qu`il n`y a pas demande, mais il a lu dans les journaux que nous voulons marcher. Mais il anticipe puisqu`on n`a pas encore adressé de demande, pour nous recevoir, pour nous dire que compte tenu des assises de la Bad, qu`on reporte notre marche au mois de juin.

Monsieur le président, ne pensez-vous pas que le ministre Tagro Désiré a raison, puisqu`il s`agit d`un événement important pour la Côte d`Ivoire ?
Il n`y a pas, à notre sens, un événement qui soit plus important et qui soit au-dessus des élections en Côte d`Ivoire. La priorité des priorités, c`est la paix par des élections .C`est le plus important pour nous, c`est ce qui doit créer toutes les autres conditions dans la durée. Les élections, la paix par les urnes. Donc pour nous, que la Bad vienne travailler sur une semaine et repartir, ce n`est pas ça le plus important pour nous. Ce qui est important, c`est la souffrance des Ivoiriens. Il faut qu`on délivre les Ivoiriens pour qu`on puisse accueillir les étrangers.

Comment la rencontre avec le ministre Tagro s`est-elle achevée ?
Ca s`est terminé en queue de poisson. Je vous assure qu`on était à un doigt de la bagarre ! Je suis sorti de là avec la conviction que ce n`est pas Bédié qu`il faut comme interlocuteur à ses hommes. Ce ne sont pas M Bédié ou M. Ouattara qu`il faut à ses hommes-là comme interlocuteur. Il faut peut-être avoir des hommes comme eux en face d`eux. De plus en plus, c`est ma conviction. Tagro me lance un défi, on va le relever. Nous nous sommes quittés en queue de poisson mais on a convenu de nous revoir lundi. D`ici là, nous allons consulter nos bases. Nous ne sommes pas nos maîtres. Il y a une situation qui est posée, on en parle à nos bases, notre hiérarchie, on apprécie ensemble mais notre nous n`arrêterons jamais parce que Tagro aura voulu qu`on arrête. Nous marcherons le 15 mai. Ecoutez, Tagro me traite de fuyard, je l`informe que je n`ai jamais fui. Je comprends que son raisonnement est culturel. Mais je le préviens, nous avons presque tout en commun. Et bien s`il me cherche, il me trouvera.

Vous allez donc consulter vos bases, qu`est que vous arrêtez concrètement ?
J`ai dit et je reviens là-dessus. Je demande à tous les jeunes de Côte d`Ivoire qui en ont marre, qui sont fatigués, qui veulent des élections, une date, des cartes d`identité, des cartes d`électeurs, qui sont fatigués du délestage, des pénuries d`eau, qui ne vont plus à l`école, qui ne travaillent pas, de se tenir prêts pour le 15 mai. Le 15 mai, nous devrons délivrer la Côte d`Ivoire, c`est tout !

Est-ce que ce n`est pas une défiance à l`autorité de l`Etat ? Comment pouvez-vous qualifier cela ?
Ecoutez, ce ne sont pas des gens qui ont marché toute leur vie, du 1er au 31 du mois pendant des décennies qui nous feront des leçons de ce genre. Il n`y a pas de défiance. Heureusement qu`il reconnaît lui-même que le régime de la Côte d`Ivoire ne dispose pas d`un décret pour interdire les marches. Les marches sont libres ! Tout citoyen est libre de s`organiser comme il veut pourvu qu`on encadre sa marche. Tout ce que qu`on demande à Tagro c`est d`encadrer notre marche, ce n`est pas son autorisation qui importe, mais qu`il encadre la marche.

Craignez-vous qu`il y ait des débordements s`il advenait que vous mainteniez votre marche ?
Nous allons marcher, il est clair que nos militants ne peuvent plus accepter de se tirer dessus impunément sans réaction. Quiconque se hasardera à tirer sur un militant aux mains nues le paiera cash.

Monsieur le président, vos militants de base vont certainement analyser tout cela. Est-ce que vous irez vers eux, ou alors le Rhdp va animer une conférence de presse pour porter l`information aux jeunes de Côte d`Ivoire ?
Ah non ! Nous allons forcement avoir l`avis des gens. Et puis après, c`est la base qui détermine ce que nous ferons. C`est elle qui décide. Moi, je reviens de Korogho, j`ai vu un peuple décidé qui est fatigué de subir et qui veut en découdre, qui veut s`assumer. C`est cette position de la base que nous allons respecter à tout point de vue.

Si les responsables du Rhdp vous demandent de surseoir à votre marche, qu`allez vous faire ?
A force de se mettre entre les intérêts des Ivoiriens, ils finiraient par dresser leur propre base contre eux. Tout ce que nous faisons, c`est d`abord dans leur intérêt. Je crois que c`est comme le président Félix Houphouët-Boigny le disait, ils sont les capitaines, hors de l`eau, ils ne sont rien. Sans nous, ils ne seront pas facilement quelque chose et leur eau, c`est leurs militants de base et je crois qu`ils feront facilement ce que la base leur demande. Je le dis et je le répète ici, Monsieur Bédié, monsieur Ouattara, monsieur Anaky et monsieur Mabri marcheront avec nous. Je le dis et je le confirme ici.

Interview réalisée par Patrice Yao
Coll. Serge Amany et Annie Yao (Stagiaire)

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