ShowbizLa méga star du reggae mondial, Alpha Blondy, s’est invitée, vendredi, dans le débat politique. Il a fait savoir sa position sur des sujets brûlants de la vie nationale. 


La lune de miel entre la méga star ivoirienne du reggae et le parti au pouvoir a duré le temps d’un feu de paille. Ce n’est pas encore la bérézina. Mais, ça lui ressemble. La conférence de presse d’Alpha Blondy, vendredi, dans son antre du ‘‘Café de Versailles’’ aux II-Plateaux, mérite que l’on s’y attarde. Tant ses propos en disent long sur le spleen et le dilemme du chanteur. Entre la raison et l’engagement politique, le citoyen Koné Seydou a vite fait le choix, celui de la raison. Il s’est démarqué, sur bien des points, des thèses défendues par le camp présidentiel avec lequel il filait, ces temps-ci, le parfait amour d’opinion. Tenez! Par exemple, à propos des victimes du camp présidentiel, ‘‘Jagger’’ a montré beaucoup de compassion. Et, il a même déclaré que Tévoédjré, Pierre Schori, Seydou Diarra, Charles Konan Banny, Beugré Mambé… n’avaient pas besoin d’être humiliés comme ils l’ont été. «Est-ce qu’on a besoin d’humilier des gens pour faire passer un point de vue? Je prends le cas de MM. Banny et Seydou Diarra qui ont été humiliés. Je prends aussi le cas de MM. Albert Tévoédjré et Pierre Schori qui sont partis de la Côte d’Ivoire la tête basse. J’étais en tournée quand l’affaire Mambé a éclaté. Quand je suis revenu, j’entendais Mambé par-ci Mambé par-là. Même si Mambé a fauté, est-ce qu’on a besoin de l’humilier?», interroge, avec tact, Alpha Blondy. Un camouflet adressé au chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, et ses partisans? Rien n’est moins sûr. 
«J’ai demandé que certains représentants de l’Onu quittent la Côte d’Ivoire parce qu’ils ne cherchaient pas la paix, ils cherchaient plutôt à remplacer le président élu par les Ivoiriens par d’autres personnes qui n’étaient pas élues. Je ne pouvais pas l’accepter. C’est ainsi que j’ai obtenu d’abord le départ de Tévoédjré, ensuite Pierre Schori puis Gérard Stoudmann», avait déclaré fièrement le chef de l’Etat au cours de sa visite d’Etat l’année dernière à Issia. 
Prenant pied dans le débat sur l’ivoirité, la méga star rappelle, à toute fin utile, que la Côte d’Ivoire est devant les mêmes problèmes d’avant guerre. Il indique que l’ivoirité, ce monstre qui est à la base de la division de la Côte d’Ivoire, est en train de se refaire une nouvelle santé.
«L’ivoirité réapparaît, on cite la fraude. On dit qu’il y a des Guinéens, des Maliens et des Burkinabè. Mais diantre ! Dans le souci de calmer la bête ivoiritaire, ça vous coûtait quoi d’ajouter des Ghanéens et des Libériens pour équilibrer la chose? Pourquoi forcément Guinéens, Maliens et Burkinabè sachant très bien que le monstre ivoiritaire qui a créé la guerre que nous vivons aujourd’hui est le syndrome de l’ivoirité. Avec ces accusations, Soro en tant que Premier ministre est emmerdé parce que lui qui est en train de calmer les Forces nouvelles et les gens du Nord est coincé. Malick Coulibaly qui doit battre campagne pour le candidat Laurent Gbagbo est lui aussi emmerdé», fait remarquer le père de ‘‘Brigadier sabari’’ en tirant la sonnette d’alarme. Il va même plus loin dans sa volonté d’éveil des consciences des extrémistes. «J’avais essayé de joindre mon jeune frère Blé Goudé pour lui dire, Charles, attention, vous êtes tous en train de tomber dans le piège des ivoiritaires. Après ici, je vais encore appeler Blé Goudé pour lui dire on réveille la bête qui a causé la guerre et dans le même élan, on dit désarmement. Oh ! Tu n’as pas réglé les problèmes qui ont fait que le type s’est armé, tu réveilles ces mêmes problèmes et puis tu veux que ces mêmes gens désarment. Ceci est un piège. Je vous dirai plus tard pourquoi c’est un piège. Nous voulons la paix. Tous ceux qui veulent que les élections aient lieu dans la paix, la transparence et dans l’intelligence doivent savoir qu’on ne peut pas jouer un match sur un terrain miné», raisonne-t-il.
Il est question de plus en plus de la mort de l’Accord politique de Ouagadougou, du départ du Premier ministre, Guillaume Soro, de la Primature, mais aussi et surtout d’une nouvelle facilitation pour laquelle le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, est déjà saisi. Face à cela, Blondy, avec finesse et à travers des interrogations, balaie cette option du revers de la main. Et, adresse un message aux faucons du régime qui ont toujours pensé que la solution militaire à la crise est l’unique voie pour retrouver la paix.
«Je voudrais demander à tous: Si les Accords de Ouaga meurent, qu’est-ce que vous proposez? Je veux m’adresser aux membres du camp présidentiel. Si Gbagbo ou Soro perdent la face ou s’ils sont discrédités par rapport aux intégristes de leur camp, on fait quoi après? La guerre? Vous avez menti», martèle-t-il.
Blondy, comme on le voit, fait sien l’adage qui dit que l’amitié se nourrit de vérité.

K. Marras. D

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